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Round 3 : GT des centres-villes

FàF Smart-iQ - 2 en ligne, profils

Derrière le volant, la première chose à laquelle il faut s’habituer, c’est l’encombrement de la voiture. Notre esprit est tellement habitué à avoir un bon mètre derrière, qu’il s’en voit tout chamboulé de se retrouver nez-à-nez avec la lunette arrière dès que l’on regarde vers l’arrière. Du coup, comme pour une SLR ou une BMW Série 7, le parking en créneau demande une certaine habitude…inversée bien sur par rapport aux allemandes précitées. Car ici, dès que l’on braque le volant, on se retrouve perpendiculaire au trottoir. Pas évident au début.

Quelques kilomètres suffisent à cerner la personnalité de nos deux concurrentes. En effet, en Smart, le bruit du moteur s’avère plus travaillé (grâce à la ligne d’échappement), et aime faire entendre ses relents parfois très «racing», tandis que dans la Toyota, le moteur se fait plus discret, notamment grâce à une insonorisation plus travaillée, à bas régimes du moins.
En matière de confort, rouler en Smart Brabus Xclusive demandera d’avoir le dos solide ou le numéro d’un bon ostéopathe dans son carnet d’adresse tant le tarage des suspensions est ferme, à tel point qu’on a l’impression de rouler sur un skate-board. L’iQ se montre bien plus conciliante sur ce point, et ne secoue pas ses occupants comme des cerisiers à chaque passage d’aspérité.

Mais la Smart n’a pas dit son dernier mot car, une fois que le rythme s’accélère, l’allemande se montre plus volontaire et agressive que sa rivale japonaise, qui paie ici son amortissement plus confortable au prix d’une prise de roulis plus importante dans les courbes. Là où la Smart se montre vive, agile et précise, et ne demande qu’à pousser, on aura plus vite tendance à lever le pied au volant de l’iQ, qui préfèrera sans doute les balades plus tranquilles, bien que son châssis semble tout à fait à la hauteur de celui de sa concurrente.

Malheureusement, la Smart doit limiter ses prétentions sportives à cause de…sa boîte de vitesses séquentielle. En plus d’être d’une lenteur indescriptible, avec un «vide» énorme entre chaque rapport, celle-ci est dotée d’une gestion disons…particulière avec, comme conséquence, des passages de rapports intempestifs, agrémentés de leurs à-coups (notamment à l’écrasement de l’accélérateur) bien entendu. Mais bon, pour pallier à cela, il est toujours possible de prendre le contrôle de la boîte, que ce soit grâce au levier de vitesses ou, mieux, aux palettes situées derrière le volant. Cela n’enlève rien à la lenteur d’exécution du passage de rapports, mais permet tout de même de mieux pouvoir gérer sa conduite. Rassurez-vous, on s’y habitue et, lorsqu’on l’a apprivoisée, on peut quand même prendre son pied, mais une bonne proposition manuelle aurait sans doute été plus convaincante.

Chez Toyota, les ingénieurs ont préféré une boîte automatique à variation continue (CVT). Si elle se montre plus intelligente dans sa gestion des rapports, et plus douce dans son fonctionnement que la boîte de la Smart, elle n’est pas exempte de défauts pour autant. En effet, le «rapport» final s’avère très long, et laisse monter l’auto trop haut dans les tours. Résultat : bruit omniprésent et consommation en hausse une fois la barre des 100km/h dépassée.

Au final, nos deux voitures s’avèrent très différentes. Car, si l’iQ se montre plus homogène à tous points de vue (moteur, boîte, amortissement, etc.), la Smart fait preuve de bien plus de caractère, tant au niveau esthétique qu’en terme de sensations. Si l’on devait donc désigner une gagnante «raisonnable» à ce duel, la Toyota l’emporterait haut la main. Mais, à près de 25.000 euros, la Smart est loin d’être un achat dicté par la raison. Et c’est bien connu : le cœur à ses raisons…

Nicolas Morlet

V12-GT

L’émotion automobile

Photos : R.L.H. Photography