Au vu de ce que je viens de vous confier, vous pourriez craindre que cette chimère italo-américaine, ou américano- italienne, c’est selon, soit un vulgaire burger de fast-food servi avec les meilleures des truffes italiennes. Rassurez-vous, il n’en est rien, la Quattroporte tient la route. Plutôt bien d’ailleurs.
Le pouvoir de séduction mécanique de cette Quattroporte n’a guère souffert. Le gros bouton US à gauche du volant donne le signal aux huit trompettistes. Et ils claironnent grave ! Son rauque, feutré et robuste. Les musiciens Maserati ne s’y sont pas trompés.
Dès les premiers kilomètres, dès la sortie de Nice, je roule toit ouvrant béant, échappement en mode bruyant. Les deux turbos n’ont pas perverti la sonorité du V8, loin de là. Les détonations au lever de pied et aux changements de rapports restent délicieuses.
Malgré le manque de maintien des sièges, la position de conduite est confortable et sportive. Les cadrans ne font pas d’infidélités : fond bleu, lettres blanches. Du Maserati en plein.
Un parcours trop bref, encombré de chicanes mobiles au mazout et de villages aux routes étroites freinent nos élans. Néanmoins, ceci me permettra de jouir des tempéraments du V8. Doux et souple à bas régime, il meut paisiblement la vaste berline. La boîte de vitesse est précise et enclenche kick down vigoureux, sur le bon rapport pour me permet de ridiculiser un SUV trop pressant à mon goût. Je m’extrait des villages comme un beau diable, je dépasse à la moindre ligne droite, le tout au beau milieu des échos du V8 qui déchirant la paix régnant dans les vallées.
La poussée est très franche et le kick down presque brutal. Face à une conduite douce et paisible, pleine de souplesse et de civilité, la vigueur de ce moteur donne l’impression d’un autre véhicule. La boîte ZF lui offre répondant et nervosité. Je tiens d’ailleurs à adresser mes félicitations aux palettes solidaires de la colonne de direction et non du volant. Un vrai régal !
La meilleure surprise de cet essai : le comportement. Malgré ses mensurations et un volume total assez imposant, la Quattroporte se conduit d’une main. La répartition du poids à 50/50, grâce à l’implantation de la boîte à l’arrière équilibre la berline. Pas de lourdeur dans le train avant, pas de tendance à tirer sur l’extérieur des virages et mouvements de caisse bien maîtrisés.
Par ailleurs, cette Quattroporte offre à son conducteur un compromis qualité de filtration/sensations de très bon niveau. Le châssis est informatif et précis tout en restant confortable.
Enfin, appuyons sur le fait que la qualité de la direction est à la mesure de la beauté du volant. Directe, précise, bien assistée elle offre un feeling légèrement artificiel auquel on s’adapte rapidement. La berline allemande, quel que soit son blason, frémit, tremble, pleure, avant même la confrontation directe.
Signalons encore les quelques boutons sur la console centrale, à gauche du levier de vitesse qui peuvent verrouiller la boîte de vitesse en mode manuel, rendre la sonorité et la réponse du moteur plus sportives et orienter la suspension vers le dynamisme ou le confort. Selon les circonstances, il est pratique de pouvoir dissocier ces trois paramètres.
Elégance, tempérament, originalité, comportement routier, moteur boîte… Maserati frôle le hat-trick. Allez messieurs un petit effort sur la finition avant le passage à la chaîne !
Julien Libioul
V12 GT
L'émotion Automobile