Une pression sur le bouton « start », la caisse se met à trembler et notre corps frétille sous les oscillations du vilebrequin. Le public s’écarte et Derek enclenche la première vitesse. Un petit coup de gaz, l’embrayage est lâché, et l’auto s’élance en hoquetant légèrement.
Une fois sur la piste, le pilote écrase l’accélérateur et les rapports s’égrènent d’une simple pichenette sur les commandes au volant ; sans temps mort et sans débrayer. Les pneus sont froids et la Bentley amorce une légère dérive dans le « S » qui suit la ligne droite des stands. Une fois les roues bien droites Derek « ouvre en grand » et l’auto s’échappe dans un cri strident, très proche de celui d’une Formule 1. Le V8 biturbo de 3,6 litres, développé par Audi (Bentley appartient au groupe VW depuis 1998), prodigue des accélérations diaboliques, qui plaquent les passagers contre le dossier du baquet. Le freinage est également très impressionnant. Derek est très propre dans ses mouvements, mais on sent que l’auto est violente et physique. A l’approche de la chicane, le pilote martèle littéralement les freins, son corps se redresse et il doit donner deux coups de volant pour placer l’auto à l’endroit désiré. « La piste est défoncée et vallonnée, et donc peu appropriée à ce genre d’autos », déclarera plus tard le pilote britannique. Quoi qu’il en soit, au fil des tours, Derek retarde sensiblement ses freinages et réaccélère de plus en plus tôt, faisant parfois légèrement glisser l’auto. Les trajectoires s’élargissent pour occuper tout l’espace disponible. Derek est maintenant parfaitement en symbiose avec la machine, et le rythme a sensiblement augmenté. Mais il est déjà temps de rentrer au stand, et de rendre la piste à ses locataires du jour : les voitures classiques, qui, en leur temps, étaient également au sommet de la technologie. Les deux Bentley Speed 8 reprendront la route de Crewe, siège de l’usine Bentley, où elles se tapiront dans leur abri, en attendant la prochaine sortie.