Notre 450 S est tapie dans l’ombre, ses lignes tendues lui donnant l’apparence d’un grand fauve prêt à bondir. Un frisson me parcourt l’échine : la bête m’impressionne déjà, alors que je n’ai même pas encore mis le contact !
J’en fait le tour : ses galbes magnifiques sont accentuées par ses grandes roues à rayons, et le minuscule saute-vent en plexi ne fait qu’accentuer la faible hauteur de l’engin. Ses courbes sensuelles, martelées dans de l'aluminium, attirent l'œil, et l'on ne peut s'empêcher d'effleurer les ailes de la main. Belle et agressive à la fois, on ne fait pas plus représentatif des chefs d’œuvre des maitres-carrossiers italiens des années cinquante.
Cette auto est une reconstruction datant des années 80, exécutée dans un des meilleurs ateliers italiens. J’ouvre le minuscule portillon et je me glisse à bord. Une minute de contemplation me permet d’admirer le classicisme des instruments Jaeger alignés sur la tôle d’alu qui fait office de planche de bord.
Le dos bien calé dans le petit baquet gainé de cuir rouge, je mets le contact afin de laisser le temps à la pompe à essence de gaver les gros carbus Weber double-corps. Un peu de starter, le V8 s’éveille en rugissant ! Le bruit des échappements est impressionnant.