Des 252 modèles construits, il se dit qu’il n’en resterait qu’un peu plus de 200. Tenez-vous bien, nous sommes parvenus à en réunir 2 ! Deux BMW 507 qui se toisent par une matinée sans soleil, illuminent la journée, d’un journaliste, autant que celle d’un photographe. L’une est blanche et dans un état proche de l’origine, l’autre, d’un gris exquis a subi une restauration approfondie. Détaillons l’une, conduisons l’autre.
Toutes deux sont spectaculaires. Leurs capots longs, leurs courtes croupes et ce hard top, rarissime, qui magnifie le profil des deux béhèmes ! D’emblée, la blanche attire le regard et irradie de son authenticité.
Sortie des chaines en 1957, la 507 n°70048 trouvait acquéreur auprès d’un architecte de Zurich, Bernhard Gerwer. Résidant à l’extérieur de la ville, il empruntait régulièrement la chaussée longeant le vaste de lac, jusqu’à ce jour de 1977, où il emboutit un véhicule ayant de justesse évité un bus. Légèrement endommagée, la 507 fut réparée et repeinte.
Hormis cette entorse forcée à l’origine, 70048 est strictement conforme à sa sortie d’usine. Chacune des options retenues par M. Gerwer a été préservée des affres du temps et d’un dommageable cannibalisme automobile.
70048 se distingue des 251 autres par une combinaison d’options inédite. Le rétroviseur droit, discret mais élancé allonge le capot et singe l’élégance des courbes du hard top. Notez d’ailleurs que chaque 507 ayant été façonnée à la main, chaque carrosserie est différente, chaque hard top est différent. Il se dit d’ailleurs qu’un « pauvre » bougre est en possession d’un hard top…qu’il ne parviendra jamais à vendre.
Très chic et drôlement pratique, la véronique sublime la chute de reins de la BMW autant qu’elle offre une délicieuse succursale à un coffre trop plat. Des sièges bleutés au porte-clefs en passant par le large volant, cet habitacle témoigne des 90.000 km parcourus à ce jour. Au beau milieu de la planche de bord, cernée par de délicats pommeaux singeant l’ivoire, la rarissime radio Becker Mexico bruisse sans ronchonner.
Enfin, outre les optionnels freins à disques, propres à la deuxième série de 507, ce bel engin dispose d’une sorte de fond plat en aluminium, destiné à protéger ses soubassements autant qu’à favoriser l’aérodynamique. Deux autres 507 ont été affublés de ce sous-vêtement sportif afin d’affronter des épreuves de vitesse telles que les Mille Miglia. Celle-ci n’ayant jamais couru à l’époque, la raison profonde du choix de cette option reste énigmatique…
Subjugué par le dessin du Comte Goertz, nous sommes irrésistiblement attirés par chacun de ses détails. Les immenses roues Rudge portent l’écusson de BMW, dans sa version ancienne, avec son lettrage fin et distingué. Clignoteurs, feux et phares de recul jouent de modestie, laissant s’exprimer la légèreté des lignes de cette BMW.
Affichant l’imperfection d’un usage avisé, 70048 fait l’honneur à la planète d’affirmer une condition quasi-originale que son propriétaire se devra de préserver.
Mécaniquement saine, elle souffrait d’un manque de roulage, rendant toute tentative de freinage périlleuse. Notre charmant hôte nous offrait donc de nous consoler avec sa sœur intensivement restaurée. Ne faisons pas la fine bouche…