Suivant les conseils de René Arnoux j’aborde donc la Speciale avec prudence, même s’il a eu l’admirable élégance de me chauffer l’auto durant près d’une demi-heure sur la piste. Les bonnes intentions ne demeurent pas plus de quelques kilomètres : il n’est pas évident ni confortable de rouler en sous-régime et à basse vitesse.
Là où l’Italia faisait preuve d’une polyvalence bluffante, la Speciale a plus de mal à se contenir. Toutes les dégradations de la route sont démultipliées à cause des suspensions optimisées pour une utilisation très sportive (qui permettent également de limiter le roulis) et le V8 4,5 litres manque un petit peu de souplesse à bas régime. Ce dernier a lui aussi considérablement évolué et développe désormais 605 chevaux, soit 35 de plus qu’auparavant, tout en étant plus léger de 8 kilos.
Si vous avez l’esprit mathématique vous aurez vite fait de calculer le rendement inédit pour un V8 atmosphérique : 135 chevaux par litre. Je ne vous étonnerais nullement en vous affirmant que l’accélération est terrifiante avec un 0 à 100km/h en tout juste 3 secondes et un 0 à 200km/h en 9,1 secondes. Le tout avec un maximum de sensations s’il vous plait ! Une avalanche de superlatifs ne saurait approcher de la vérité.
Sachez juste qu’enfoncer la pédale de droite est absolument grisant pour ne pas dire complètement jouissif. La Speciale a du répondant, elle ne s’essouffle jamais. Que dire de la boîte robotisée à double-embrayage ? Elle est 20% plus rapide en montée et 44% plus rapide en descente de rapports. Plus sportive que sur l’Italia, elle offre des sensations accrues grâce à de petits à-coups qui permettent de faire corps avec l’auto. Nous ne sommes pas au niveau d’une Scuderia ou d’une 599 GTO qui vous démontent les vertèbres mais il y a tout de même plus d’émotions qu’avec l’Italia.