Si la ZR1 est plus dure qu’une Corvette classique, ses sièges restent relativement conciliants avec votre postérieur et votre colonne vertébrale.
La mécanique, en revanche, se révèle nettement moins conciliante avec vos talents de pilote !
En-dessous de 3.000 tr/min, le V8 pousse déjà très très fort et si l’asphalte n’est pas de trop bonne qualité, l’anti-patinage commence déjà à travailler. Mais en montant au-delà de cette limite, on change de galaxie : le son se fait plus aigu et le train arrière ne reste derrière que par la grâce de l’électronique, non sans vous offrir quelques ruades dignes d’un bon western ! Mais le moteur n’est a cure, lui qui continue à grimper vers des régimes insoupçonnés. Etonnant pour un V8 compressé de plus de 6 litres : il adore monter vers les 6.500 tr/min, voire plus.
Il faut juste que le «cow-boy» qui se trouve derrière le volant ose garder le «pied dedans» car le paysage défile à une vitesse à peine croyable, dans des hurlements stridents. J’en rajoute ? Non, croyez-moi, sur sol mouillé, la conduite de cette voiture est ce que j’ai vécu de plus impressionnant en près de vingt ans de carrière ! Il faut vraiment le vivre pour le croire, et mettre son cerveau en mode «sauvegarde» pour ne pas se mettre à l’envers dès les premiers mètres !
En déconnectant l’anti-patinage (pas encore l’ESP), les choses se compliquent encore mais sont vraiment amusantes car la moindre pression sur l’accélérateur se transforme en rodéo. Même en ligne droite, vous évoluez en crabe ! Mais alors, qu’est-ce que ça doit être en virage !? Curieusement, ce n’est pas beaucoup plus compliqué. Parce qu’en courbe, vous dites plus clairement à la ZR1 ce que vous voulez qu’elle fasse. Et vous contrebraquez dès que vous touchez l’accélérateur ! Et puis, l’ESP vous permet de vous mettre à l’équerre mais vous empêche en principe de faire un tête-à-queue.
En revanche, si vous déconnectez toute aide à la conduite, je vous souhaite beaucoup de courage ! En entrée de courbe, il faut rentrer sur les freins pour empêcher la bête de trop sous-virer. Du coup, quand vous passez des freins à l’accélérateur, le transfert des masses vous met immédiatement en survirage. Et là, si vous n’avez pas au moins dix ans de pilotage derrière vous, vous finirez, au mieux, dans le mauvais sens !
Bref, cette ZR1 n’est certainement pas à mettre entre toutes les mains et est la voiture de série qui offre le plus de sensations de tout le marché : ce n’est pas une voiture mais un dragster ! Le tout à un prix de vente très amical, tradition oblige.
Stéphane Lémeret
V12 GT
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