Grâce à son moteur central et à sa conception ne laissant rien au hasard, le pilotage de la MC12 est beaucoup plus «logique» et naturel que celui des GT1 à moteur avant que j’ai pu conduire (Viper, Ferrari 575 GTC, Aston DBR9 et Corvette). Son équilibre est parfait et lorsqu’elle commence à glisser, il est assez facile de la ramener dans le droit chemin.
Dans les virages moyens, négociés en 3e ou 4e vitesse, elle se montre d’une efficacité diabolique, que ne peuvent revendiquer ses rivales.
Son moteur m’a en revanche moins impressionné. Je me souviens encore de mes tout premiers tours de roues à son volant, en 2007 : je pensais qu’on m’avait volontairement enlevé quelques chevaux pour me laisser m’habituer à la voiture ! Ce n’était pas le cas : le V12 était tout simplement bridé par le règlement, afin d’éviter que la Maserati n’écrase la concurrence ! Cela dit, c’est souvent le propre des excellentes voitures que de paraître «sous-motorisées». Car avec près de 600 chevaux pour à peine plus d’une tonne, ça poussait quand même !
A Spa, le seul virage où la MC12 rendait quelques km/h aux meilleures de ses rivales (notamment l’Aston Martin), c’était dans le Raidillon de l’Eau Rouge. La faute encore à cette réglementation très contraignante, obligeant les Maserati à rouler avec de tout petits ailerons arrière. D’où un léger manque d’appui aérodynamique dans ce virage ultra-rapide.
Mais sur une course de longue haleine comme les 24 Heures, l’équilibre de la Maserati constituait un avantage, notamment parce qu’il permettait de moins user les pneus et de moins fatiguer les pilotes. Sans parler de l’avantage offert par son incroyable système anti-patinage dès qu’il tombait quelques gouttes de pluie. Légèrement sous-vireuse en entrée de virage, la MC12 permettait de freiner tard et d’entrer fort sur les freins. Ensuite, il «suffisait» de tourner le volant et de remettre les gaz. L’électronique se chargeait de doser la puissance juste comme il le fallait, dans un bruit caractéristique. Il faut dire que ce sont les ingénieurs de Ferrari F1 qui avaient mis le système au point. De quoi, aussi, expliquer pourquoi cette Maserati était (et est toujours d’ailleurs, même si elle ne peut plus de démontrer) la meilleure Grand Tourisme jamais construite !
Stéphane Lémeret
V12 GT
L'émotion automobile
Photos t’Serstevens & LPR