Monter à bord - descendre est peut-être plus approprié ! – de cette Bizzarrini relève de la maîtrise du contorsionniste. Le seuil de porte est haut et la garde au toit plafonne à 111 centimètres. Une fois calé dans le siège baquet, on profite des premiers instants pour savourer les sensations de l’époque. Outre l’ambiance et les effluves de l’habitacle « vintage », c’est la position de conduite qui prend de court le pilote. Assis très bas et dans une position assez couchée, il lui faut un temps d’adaptation. Ainsi, il cerne mieux les dimensions extérieures, s’habitue au pédalier un rien décalé par rapport à la direction et se fait à la vision panoramique quelque peu perturbée par les angles morts. Face à lui, il y a un imposant volant à trois branches et un tableau de bord à la disposition rationnelle. Si les cadrans de la température d’eau, d’huile et de la pression d’huile se lisent entre les branches, le compte-tours et le compteur de vitesse se situent au centre de la planche de bord et sont orientés vers le conducteur avec un angle d’environ 40°. Originale, cette disposition se révèle pratique à l’usage...
Contact. Le V8 s’ébroue. A l’oreille, son grondement est des plus flatteurs et annonce la cavalerie dissimulée sous le capot. Les premiers tours de roues trahissent un couple impressionnant et disponible à bas régime. En poussant sur l’accélérateur et en passant les rapports avec une certaine poigne, on réalise qu’outre sa souplesse, ce V8 cultive à merveille le sens de la reprise. Le baquet s’enfonçant dans le bas du dos en témoigne. Cela dit, après quelques kilomètres, si l’on ne doute plus du bel équilibre général de l’engin, on se dit que le placer sur la bonne trajectoire demande une certaine dextérité ; la direction faisant preuve d’une certaine lourdeur et manquant quelque peu de précision. Question confort, il vaut mieux ne pas être fragile au niveau des lombaires. Car, avec ses suspensions fermes, la GT America dévoile l’état de la route au millimètre près. Dès lors, si la piste d’un circuit lui sied mieux, elle lui permet surtout de réaliser de belles prestations pour une quadragénaire issue d’une production artisanale. Chaussée de pneumatiques adéquats, elle est, selon son propriétaire, peu avare en sensations et capable de filer à 200 km/h ; tout en offrant à chaque pression de la pédale de droite ce fameux glougloutement propre aux V8 américains. Une sonorité qui en fait son unicité et qui la distingue à coup sûr de ses rivales arborant cheval cabré ou taureau prêt à charger...
Laurent Norro
V12 GT
L'émotion automobile
Photographe : Julie de Bellaing
Un grand merci à Paul Grant de Automobiles Vanderveken Bruxelles qui a accepté de nous confier cette Bizzarrini GT America.