Si les échappements latéraux donnent le ton, les premiers tours de roues révèlent bien vite le tempérament de feu de l’Aero 8. Chaque accélération plaque littéralement les occupants aux dossiers et les enchante avec des vocalises graves à bas régimes et plus aigües en allant chatouiller la zone rouge. On en redemande ! Quoi qu’il en soit, le V8, secondé par une boîte auto à l’étagement irréprochable, sait aussi enfiler les kilomètres de manière décontractée en misant tout sur sa souplesse de fonctionnement et son couple généreux de 490 Nm. Cette double personnalité lui assure néanmoins des performances à l’avenant. Le passage de 0 à 100 km/h ne demande que 4,2 secondes et la vitesse de pointe flirte avec les 273 km/h.
En tout cas, quelle que soit l’allure, cette Morgan séduit par son bel équilibre et la rigueur de ses trains roulants. Sa direction se révèle ferme certes, mais sa précision invite à aller chasser les virages. Son freinage, quant à lui, se veut mordant et lui garantit des décélérations rassurantes. L’efficacité de l’Aero 8 ne nuit pas pour autant à son confort. Les suspensions sont agréablement fermes et les bruits aérodynamiques, très présents dans l’habitacle, contribuent au charme de l’engin.
Bien sûr, en se passant de toute aide électronique, l’Aero 8 demande une certaine dextérité. Car, si le pied droit se fait lourd sur les premiers rapports, la Morgan ne pardonne pas ! Son train arrière se fait vite baladeur, voire carrément survireur en fonction de la pression exercée. Les amateurs de figures libres apprécieront certes, mais seuls les pilotes confirmés maîtriseront cet afflux de puissance. Et, ce sera encore plus vrai sur un revêtement mouillé ! Au volant d’une Aero 8, on peut donc se la jouer soit pilote casqué, soit gentleman driver ganté. Au final, tout n’est qu’une question de plaisirs...
Laurent Norro
V12GT
L'émotion automobile
Photographe : Ghislain Balemboy