Rivée sur des rails, équipée d’une direction très précise et de freins aussi indestructibles qu’efficaces, on s’engagerait presque en compétition! Surtout que l’ambiance est assurée par des suspensions qui rendent compte avec précision de l’état du bitume. Madame risque de ne pas trop apprécier. Ceci étant Porsche déclare de 80% des possesseurs de GT3 RS utilisent leur auto principalement sur les circuits, ce qui n’est pas vraiment étonnant compte tenu du caractère de la bête.N’allez pas croire pour autant qu’elle est inutilisable ailleurs : elle évolue avec une belleaisance sur les petites routes où il est possible d’enchainer les kilomètres à un rythme effréné tout en prenant beaucoup de plaisir. Les roues arrière directrices y sont pour beaucoup. Le système, (les roues braquent à l’inverse de l’avant puis dans le même sens au delà de 80km/h) ne parasite pas la conduite et s’intègre avec une telle homogénéité que l’on finit par l’oublier. Seul bémol, il faut aller chercher les chevaux dans les hautes sphères, à plus de 5000tr/mn. En dessous c’est un peu creux. Heureusement que la boite PDK (horreur, malheur crieront les puristes, mais vous auriez tort, elle est très bien) est ultra-efficace et permet de naviguer facilement entre les rapports et les régimes. Attention à ne pas vous rater toutefois sous peine d’être sanctionné par une reprise un petit peu difficile. Porsche a également fait un travail remarquable sur la sonorité du Flat-6. Si par le passé il avait tendance à pêcher par trop de discrétion et un certain manque de caractère vocal, ici c’est tout le contraire. Sur les routes de notre essai il nous a été rapporté que l’on entendait notre bolide à plusieurs kilomètres. Le ramage rauque et puissant est en adéquation avec la fracture de la rétine que provoque l’apparition de la GT3 RS. L’expression « voiture de course pour la route » est beaucoup trop souvent galvaudée, mais croyez-nous ici c’est le cas. A l’exception près d’un certain confort qui la rende ainsi parfaitement utilisable par le commun des mortels.
Utilisable au quotidien ? Sur le papier oui, mais en pratique ce ne sera pas tous les jours une partie de plaisir surtout en agglomération. Logique, sa vocation ultra-sportive et ses qualités de pistardes en font pour un choix de premier ordre. Même un gentleman driver très aguerri trouvera dans la RS suffisamment de puissance, d’efficacité et surtout de plaisir pour envisager une auto de course beaucoup plus contraignantes. Certes une 991 GT3 Cup doit être plus efficace dans une extrême mesure, mais ne nous leurrons pas, très très peu d’utilisateurs parviendront aux limites de la GT3 RS au point de rester sur leur faim.
A vrai dire le seul défaut de cette sportive vient d’un certain manque de couple et de puissance à bas-régime. Il est évident que certains détesteront le look, mais pour peu que l’on y soit sensible, la GT3 RS s’impose comme une auto incontournable qui fera date dans l’histoire de Porsche.
Laurent André
V12 GT
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