Essai Audi RS6
Bandit de grands chemins
La RS6. Hooligan de l’Autobahn. Un engin sauvage et revêche, capable de ridiculiser certaines supercars tout en véhiculant une armoire normande. Un break attachant, attaché au bitume, repoussant toute notion de vitesse. Résistance nerveuse.
Au début des années 80, Audi révolutionne l’automobile sportive en présentant un coupé à quatre roues motrices. Etonnant mais perfectible en termes d’équilibre, il est amélioré, modifié, transformé pour courir en rallye, à l’échelon international. Démoniaque et démentielle, cette Audi Quattro créera une race chez Audi, celle des sportives ultra efficaces.
Les anneaux délaisseront néanmoins la rationalité avec la Sport Quattro, version courte du coupé, avant de laisser s’essouffler la démence. Pour quelques années seulement.
En 1993, Audi ressort de ses gonds ! Mercedes et BMW piétinent les 231 chevaux de la S2 avec leurs M3 et C36 AMG. Il faut à la marque un bolide capable de faire face. Audi appelle Porsche à la rescousse.
Novatrice, voire hérétique, l’Audi RS2 voit le jour. Un break équipé d’un moteur cinq cylindres turbo de 315 chevaux. La transmission est intégrale, le différentiel est fourni par Torsen et la vitesse de pointe atteint 262 km/h. Mieux, le 0 à 100 km/h est abattu en 5,4 secondes. Mais bon sang un break ! Qui va croire en cet engin ?
Près de 3.000 exemplaires seront produits et donneront naissance à une race typiquement Audi, les breaks schizophrènes. Les RS4 et RS6 !
La RS6 voit le jour en 2002, avec un V8 de 444 chevaux. En 2008, elle est mise au rebut par la seconde génération, motorisée par un V10 de 580 chevaux.
Puis vient 2013 à l’aéroport de Munich. Le colossal patio de l’aérogare est acquis à la cause d’Ingolstadt. Une poignée de breaks bouillonne déjà ! Le silence de cette cathédrale aéronautique est rompu par les murmures rauques des V8.
L’hypocrisie du politiquement correct a fait effet. La RS6 est plus difficile à identifier. En particulier lorsqu’elle se pare de blanc. Une couleur que le goût et le tempérament de la bête proscrivent tout de go.
Le rouge éclatant de notre bolide est bien plus adéquat. Il met en valeur la partie basse de ce bouclier avant agressif et tranchant. Très enveloppant, il est orné d’appendices gris ou carbonés, le faisant passer pour une mandoline destinée à émincer le bitume. Notez la discrète incrustation « Quattro » dans la partie basse de la calandre !
Les flancs ne laissent pas de doutes. Les jantes de 21 pouces à « l’épaulée jetée » inscrivent la silhouette de cette A6 dans les rangs des culturistes.
L’arrière, plus discret mais bien assis, compte sur d’énormes casseroles d’échappement, ceinturant un large diffuseur.
Mais avant de passer à l’essoreuse, il est impératif de mouiller la chemise et d’analyser ce qui se cache sous ce break de VRP dérangé.
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