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Expression corporelle

Range Rover Supercharged noir filé 2

C.R. Ghislain Balemboy

En abordant la question « tenue de route », les images qui viennent à l’esprit sont celles de Fantasia de Walt Disney. Comme les éléphantes et les hippopotames du ballet, nos trois SUV savent se déplacer avec grâce et agilité.

Tout en étant le plus massif, le Supercharged dévoile un comportement relativement homogène. En le poussant dans ses derniers retranchements, grâce à sa boîte intelligente gérant au mieux les relances du V8, ce Range ne peut pas nier sa prise de roulis et sa plongée au freinage. Par contre, il bluffe ses rivaux par l’étonnant filtrage de ses suspensions et par son freinage puissant. Sa direction, quant à elle, se révèle précise, mais n’invite bien sûr pas à aller chasser les virages. D’ailleurs, en considérant le Range Rover comme la Rolls Royce des 4x4, on ne peut qu’adopter une conduite coulée, non ? On laisse ainsi le X6 M et le ML 63 AMG en découdre pour de bon...

Avaler les kilomètres à un rythme soutenu est la qualité première tant du X6 que du ML ; les cavaleries respectives se voulant civilisées en mode Drive. Par contre, en enclenchant le mode Sport de ces boîtes à 6 (BMW) et 7 rapports (Mercedes), le voyage prend une toute autre dimension. A chaque accélération, les dossiers s’enfoncent en effet dans le dos des occupants. Les poussées sont vertigineuses et les paysages défilent à vive allure. Si les transmissions intégrales ne départagent pas ces rivales, leur efficacité est toutefois plus que probante ; la motricité n’étant jamais prise en défaut. Cependant, le X6, avec son absence de roulis, marque des points face au ML. Car, même avec sa suspension pneumatique, le ML 63 AMG ne peut pas contenir tous les mouvements de caisse.

Cela dit, si ces SUV musclés profitent tous deux d’un châssis rigoureux, d’une direction incisive et d’un freinage mordant, le ML 63 AMG semble au final plus confortable à l’usage ; sa suspension filtrant assurément mieux les aspérités. Mais, en y réfléchissant bien, celui qui reste le plus apte à affronter toutes les surprises d’un voyage au long cours est bel et bien le Range Rover. Car, il est le seul à pouvoir abattre les kilomètres et, grâce à ses fonctions de crapahuteur fournies de série, à pouvoir s’aventurer en terre inconnue. Le X6 et ML, quant à eux, lui préfèrent les grands boulevards des quartiers chics et les aires d’autoroutes certes, mais peuvent s’offrir de temps en temps un chemin de traverse. A leur passage, une chose est acquise : les têtes vont se retourner et les oreilles profiteront de vociférations assurément envoûtantes...

Laurent Norro

V12 GT

L’émotion automobile

Photographe : Ghislain Balemboy