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«Tel est pris qui croyait prendre»

Wiedeking - N/B

Le constructeur de Zuffenhausen se tourne donc vers l’organisme financier public KFW, justifiant sa demande par la situation économique mondiale qui touche le marché de l’automobile. Mais malheureusement, après étude approfondie du dossier, la banque refuse, en estimant que les problèmes financiers de la marque ne sont nullement liés à la situation conjoncturelle mais simplement à des spéculations abusives doublées d’un appétit démesuré. Nouveau revers pour Porsche, qui va donc devoir se tourner se tourner vers d’autres instances pour se renflouer.
Début mai, le constructeur annonçait néanmoins avoir trouvé quelque 750 millions d’euros lui permettant de renflouer quelque peu sa dette, sans préciser la provenance de cet argent. On apprendra quelques semaines plus tard que le généreux prêteur n’était autre que…Volkswagen ! La garantie du prêt est énorme : Porsche Holding GmBH, la société de distribution des marques du groupe Volkswagen (mais détenu par Porsche) en Autriche, Slovaquie, République Tchèque, Croatie, etc…

Mais ce n’est malheureusement pas suffisant pour Porsche, dont la dette reste colossale. Il y a quelques semaines, le Qatar, un petit émirat du moyen orient, se présentait comme repreneur providentiel en se disant désireux de racheter 25% de son actionnariat contre la modique somme de 7 milliards d’euros, soit de quoi réduire considérablement ses dettes.

Mais alors que l’on pensait que cette situation allait être privilégiée par Porsche, c’est finalement le groupe Volkswagen qui a eu raison de son cousin, absorbant le constructeur de voitures de sport. La conseil extraordinaire de Porsche a finalement accepté la montée au capital de son cousin pour au moins 5 milliards d’euros, avant une fusion probable. Dans ce contexte, la place de Wendelin Wiedeking semblait des plus menacée, et la nouvelle a été confirmée ce matin : l’ex-PDG le mieux payé d’Allemagne a remis sa démission (contrainte et forcée ?) ce matin. Il se voit remplacé par Michaël Macht, jusque là chef de la production.

Les dirigeants de Volkswagen devaient se réunir dans la journée pour entériner définitivement «l’acquisition» de Porsche, qui devient la dixième marque de véhicules du groupe allemand. La piste du Qatar n’a finalement pas tout à fait été évincée puisque l’émirat devrait tout de même prendre des parts dans la marque (peut-être même les 25% escomptés) même si l’on ne sait pas, à l’heure actuelle, si cela se fera directement dans Porsche ou via le groupe Volkswagen.

Une chose est sure en revanche : une page de l’histoire de Porsche vient de se tourner.

Nicolas Morlet

Richelieu Finance