Des Ferrari sous le marteau
Mettez m’en quatre
Voici quelques jours, RM Auctions enregistrait en Arizona une vente exceptionnelle, atteignant 30 millions de dollars. Parmi les lots qui ont fait exploser la banque, quatre ont attiré notre attention. Pourquoi ? Parce qu’elles portent le même nom prestigieux, parce qu’elles sont différentes mais toutes grandiloquentes, parce que ce sont des Ferrari !
La première, la plus ancienne, une 166 Mille Miglia Barchetta confronte dans un étonnant paradoxe ses 61 ans à un historique rocambolesque. Elle a couru, souffert mais vaincu. Elle a compté près de vingt propriétaires, elle perdu ses couleurs originelles, puis sa carrosserie, elle a été amputée de sa mécanique pour recevoir, comble de l’humiliation, un rustique V8 américain.
Fort heureusement, des gens de goût et des artisans de talent lui ont rendu sa superbe originelle, à la teinte près. Ce petit bateau, « Barchetta » en italien, chef d’œuvre de simplicité esthétique est issu directement de la plume de la Carozzeria Touring de Milan.
Commandée par l’Automobile Club d’Argentine au salon de Paris 1949, cette 166 MM clame son exclusivité par le raffiné mariage entre la finition « Lusso », magistrale de confort et l’équipement compétition comprenant notamment trois carburateurs Weber verticaux et des pistons haute compression lui permettant d’accrocher la barre des 140 chevaux. Elle a participé au Mille Miglia dans cette livrée en 1951, incarnant la glorieuse époque où chez Ferrari se côtoyaient de très près course et grand tourisme.
En 1965, Ferrari pouvait se targuer d’avoir au catalogue la Supercar des Supercars : la Ferrari 500 Superfast. Sa dénomination exprime bien ce qu’elle représente si bien que deux des 36 exemplaires ont été anéanties par leurs conducteurs. Il faut dire que maîtriser ce joyau tout en profitant d’un V12 de 5 litres produisant non moins de 400 chevaux pour une vitesse de pointe de 275 km/h doit exiger doigté et sang froid. Ses lignes fuyantes, purement superbes et superbes de beauté n’ont pas manqué de séduire une clientèle à la mesure de son exception. Le Shah d’Iran et Peter Sellers (La Panthère Rose) se sont laissés piéger par son charme musclé.
Un V12 de 4,4 litres, six carburateurs Weber, une boîte de vitesse à cinq rapports, quatre roues indépendantes dissimulant quatre disques assistés et ventilés pour freiner l’enthousiasme brute des 352 chevaux…au vent de la spectaculaire Ferrari Daytona Spyder. Certes ce Spyder n’affirme pas la pureté d’autres modèle, mais il impressionne par le muscle le charisme qu’il dégage. Il dit : « regardes-moi ! Je t’effraye ? Conduis-moi, tu aimeras ça ».
Pour preuve, ce 89ème des 121 exemplaires a été acquis, trois ans après sa construction par « Evel » Knievel, un célèbre cascadeur américain. Machine impressionnante, muscle car qui fait rêver autant qu’elle intimide grâce à une ligne moderne et à une mécanique aussi musclée que sa musique est envoûtante.
Notre dernière candidate, une Ferrari F50, est bien plus jeune et se présente comme le summum de la technologie dans les années 90. Cet exemplaire, le châssis 99999, le dernier à quitter l’usine italienne avec une numérotation à cinq chiffres, a été utilisé à travers le monde, lors des salons les plus prestigieux. Au terme de ce tour du monde, cette F50 a été acquise par l’un des grands amis d’Enzo Ferrari : le belge Jacques Swaters, qui quittait ce monde il y a quelques semaines. « Ferrariste » de renom, Patron du Garage Francorchamps et directeur de l’Ecurie du même nom, il conservera la voiture jusqu’en 2006.
Dans la filiation de la légendaire F40, la F50 dispose des technologies les plus avancées de l’époque : châssis en carbone issu de l’aérospatiale, V12 de 4.7 litres né en F1, 520 ch, 325 km/h, boîte six rapports et 0 à 100 km/h en moins de 4 secondes. Et comble de l’exclusivité, cette F1 biplace et carrossée n’a pas parcouru 1500 km depuis 1995 !
Julien Libioul
V12 GT
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