L’industrie automobile française: une mort programmée?
La fin du haut de gamme français sonne le glas de tout un métier
Le saviez-vous? L’industrie automobile française est en deuil. Ou devrait l’être. Car ce mois de Décembre sonne le glas pour la Renault Vel Satis, dont la production cesse, la Peugeot 607, dont Sochaux a annoncé le non-renouvellement, et enfin la Citroën C6, condamnée à végéter jusqu’à sa mort prochaine.
Or s’il est une industrie ou la rentabilité d’un modèle dépend directement de sa position en gamme, c’est bien l’industrie automobile: chez Mercedes par exemple, à quantité produite égale, la différence de prix de revient entre une Classe A et une Classe C équipées du même type de motorisation et du même niveau d’équipement est étonnamment faible.
L’écart de prix de vente, lui, est considérable, la Classe C étant vendue au minimum 50% plus cher. Ce qui implique que la marge par unité est de 3 à 6 fois supérieure sur la Classe C. Tout constructeur occidental qui se prive de haut de gamme est donc condamné à des marges laminées par la conccurence.
Or les modèles d’entrée de gamme comme la Classe A seront bientôt l’apanage des constructeurs Chinois, qui peuvent s’appuyer sur leur marché interne, premier marché mondial et marcché protégé de surcroit.
De plus, les segments les plus récents ou « branchés » sont les plus rentables, car en général sur- facturés, du moins au début. Or les constructeurs français sont bien trop souvent les derniers à embrasser une niche, sous prétexte que les volumes n’y sont pas. Sauf qu’évidement, la niche grossit et devient un pan entier du marché, à l’image des 4X4 ou des cross-over.
Cela dit, l’image d’un constructeur automobile de dépend pas que du bon-vouloir de ses services marketing, mais aussi de sa production passée: si Ferrari n’avait fabriqué que des monospaces (!), la firme de Maranello n’aurait pas une telle aura sportive.
Car les constructeurs français vous rétorqueront qu’ils n’arrivent pas à vendre suffisamment de berlines haut de gamme pour en rentabiliser la production.
Effectivement, chaque marque présente dans les yeux de l’acheteur une limite de prix , au delà de laquelle il préfère passer à une marque plus prestigieuse. Peu de gens achèteraient une Citroën de 1 500 000 EUR , car ils ne peuvent associer la marque à une pareille somme. C’est pourquoi la Citroën GT n’est toujours pas en production.
Cela explique, en partie, l'insuccès des CX, R30, 604, Safrane, 605, Vel Satis, C6 (la liste est longue...) et autres A610.
Entre-temps, le gouvernement français démontre son incompréhension totale de l’économie en tirant le marché automobile vers le bas. Car la combinaison du bonus-malus écologique mal conçu, de l'absurde chasse aux contribuables menée par Bercy et de la répression routière aveugle contribue à détruire ce qu’il reste du segment haut de gamme du marché, les automobiliste n’ayant plus le cœur à s’offrir une automobile de sport ou de prestige.
Ce qui contribue d’autant plus à réduire les recettes de l’état, par le biais de la TVA, de la TIP etc.…, à un moment ou le gouvernement en aurait bien besoin pour venir en aide aux industriels.
Bien sûr, nous connaissons tout cela par cœur. Car c’est bien ce qui s’est passé dans les années 40, une époque où les constructeurs automobiles français de prestige et carrossiers de grand luxe ont disparu les un après les autres, le gouvernement n’ayant quasiment pas levé le petit doigt pour les sauver. Pillées par l’occupant, ces marques historiques étaient étaient exsangues après des années de guerre, bien incapables de remonter la pente toutes seules. Je pense à Bugatti, Delage, Delahaye, Hotchkiss ou Talbot-Lago mais aussi à Henri Chapron, Figoni Falaschi, Franay et Saoutchik.
Pire, en décidant de taxer les grosses cylindrées et en contingentant les matières premières disponibles au bénéfice des grands constructeurs, la France a choisi de sacrifier un potentiel économique considérable, largement équivalent à celui de la Régie Nationale des Usines Renault, qui avait la préférence des gouvernants de l’époque, dont l’incompétence les rendait incapables de lucidité et l’orientation politique les privait de toute objectivité.
Le dernier sursaut de savoir–faire hexagonal, Facel-Vega, fut mis à mort sans par De Gaulle, dont l'anti-américanisme matiné de populisme était incompatible avec les V8 Chrysler de la firme de l’avenue Georges V.
Or ces marques auraient été bien utiles à nos constructeurs automobiles français, qui sont tout a fait capables de concevoir des véhicules performants, mais ne savent pas les vendre sous leur propre enseigne. Mais pourquoi diable ne pas avoir racheté Delage, tout comme le groupe VW qui a hissé Bugatti au sommet?
Hélàs, il est bien trop, tard…
Charles Paxson
V12 GT
L'émotion automobile
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